A la diversité des voies pour s’installer en tant qu’agriculteur s’ajoute celle des formes d’installation : différentes productions, systèmes fonciers, différents statuts et modes de commercialisation.

Nino
Nino Fillos. © Eléonore Henry de Frahan.

S’installer en individuel

Nicolas, Vivien et Joris sont exploitants agricoles, en maraîchage biologique. Ils ont fait le choix de l’installation individuelle. Nicolas Rozier s’est installé en fermage sur un terrain de 1,4 hectares. Joris est quant à lui propriétaire de son foncier, terrain qu’il a trouvé via une annonce sur Leboncoin et relayée par Terre de Liens, à l’issue d’une longue période de recherches de foncier. 

Vivien Sabot produit des légumes sur 1 hectare, et des fruits sur 1,2 hectares, le tout en agriculture biologique.

Produire en collectif

Léa et Nino travaillent sur une ferme de 90 hectares (comprenant des prairies dédiées à l’élevage, des espaces pour la production céréalière et des bois). Ils ont choisi de s’installer en collectif, en formant un Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC) de 3 associés avec Ghislain, le compagnon de Léa. 

Nino et Ghislain sont responsables de l’élevage des brebis au sein de ce GAEC, et Léa est responsable de l’atelier meunerie-boulangerie. 

Léa et Ghislain souhaitaient s’installer en collectif, pour pouvoir se dégager du temps libre plus facilement. Pendant 1 an, le GAEC a mis à disposition 1 hectare de terres sur lesquelles Léa a pu tester son activité avec un statut indépendant, Ghislain effectuait en parallèle une période de test d’activité via un CEFI, dispositif de la Région Occitanie. 

A l’issue de cette période de test, Nino, Ghislain et Léa ont décidé de s’associer et de regrouper les deux ateliers qui, par leur complémentarité, augmentent la résilience de la ferme.

Pour sa part, Joannes Boullon a d’abord hésité au sujet de l’installation collective, craignant que ce soit difficile de se lancer avec un associé qu’il ne connaissait pas auparavant. Cependant, après avoir démarré son activité, il a décidé de s’associer avec un apiculteur installé à proximité, avec qui il partage désormais les responsabilités, la charge mentale, ce qui est selon lui un bon rempart contre  la solitude souvent associée à l’activité agricole. 

L’installation en coopérative d’activité et d’emploi

Il existe des voies alternatives à l’installation individuelle ou collective, ce vers quoi s’est orienté Frédéric, entrepreneur-salarié-associé au sein d’une coopérative d’activités et d’emplois agricoles. Il y produit des légumes en maraîchage bio-intensif sur petites surfaces.  

A l’origine, Frédéric Roger souhaitait développer un projet de centre liant des activités de loisirs et de production agricole. Il s’était rapproché de plusieurs collectifs mais s’est heurté à la difficulté de trouver du foncier. L’espace-test lui est alors apparu comme une belle opportunité pour expérimenter sa production et sa commercialisation tout en maintenant certains aspects de l’installation collective : réunions, mutualisation des espaces de travail et des moyens matériels, conseils et accompagnement… Aujourd’hui, il a testé son projet pendant 2 ans et remplit les objectifs qu’il s’était fixé avant la 3e année, ce qui lui a permis de changer de statut : il est désormais entrepreneur-salarié-associé de la coopérative et envisage de rester sur son terrain en tant que permanent. Cette décision relève de  l’assemblée générale de la coopérative. Une réponse favorable lui permettrait de consolider son activité dans un lieu qui lui correspond, où il considère avoir concrétisé sa reconversion. Cela étant, il garde toujours en tête de s’associer à quelqu’un, pour partager les tâches et se projeter à long-terme.

« J’ai un nouveau métier
qui me permet de vivre »

Frédéric Roger

Les choix de commercialisation

La commercialisation, bien qu’elle soit une étape postérieure aux premières productions, est un élément important dans la construction de son projet, en termes de choix, de stratégies et surtout, de durabilité de son projet. Chaque paysan fait des choix différents, qui dépendent de sa  production, sa localisation…

Joris Auger et sa compagne vendent leurs fruits, légumes, et produits transformés sur un marché hebdomadaire et pratiquent la vente à la ferme. Ils ont fait le choix de diversifier un maximum leur production pour pérenniser leur système de vente à la ferme, en offrant plus de choix à leur clientèle. 

De son côté, Frédéric Roger a opté pour la vente de ses fruits et légumes en magasins, ce qu’il apprécie pour l’aspect planification et la stabilité qui en découle. 

Dans la même optique, Vivien Sabot complète la vente en magasins de producteurs (système d’achat-revente) avec des marchés locaux, sur lesquels il a une clientèle d’habitués qui lui apportent cette stabilité, et grâce à laquelle il peut estimer ce qu’il va vendre. Au-delà des considérations économiques, il considère que  l’avantage du marché est qu’il “permet de sortir un peu de l’exploitation, c’est une réalité, et quand on est tout seul sur l’exploitation c’est important de sortir de temps en temps vendre. ».  En parallèle, il diversifie tout de même ses circuits de commercialisation puisqu’il vend aussi dans une boutique paysanne et fournit ses fruits et légumes à une épicerie en ligne. 

Pour sa part, Joannes Boullon vend son miel en demi-gros. Il avait commencé par multiplier les circuits de vente (marchés, magasins…), mais il a pour l’instant mis cela en suspens, faute de temps.